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Réflexions sur les sciences
Voici une sélection de réflexions sur la science et les sciences.
La liste est en perpétuelle évolution

Quelques petites réflexions glanées dans des journaux scientifiques
et des livres d’épistémologie et de linguistique.


Rôle de la science

Rechercher la cause d’un phénomène est le premier objet de la démarche scientifique (Jacques Lecomte, Informations exactes, conclusions absurdes, in Science et Vie 3/92)

Il est erroné de croire que la tâche de la physique est de comprendre la Nature. La physique a pour objet ce que nous disons de la Nature. (Niels Bohr)

Notre espèce est toujours en quête de la finalité. Il nous est difficile d’observer une chose sans en chercher l’utilité, sans nous demander quelle en est la cause ou la finalité. On peut se demander à quoi servent les garde-boue d’une bicyclette ou le barrage de la Rance, mais la question de l’utilité ne se pose pas dans le cas d’un galet, de l'adversité, du mont Everest ou de l’Univers (Richard Dawkins, Pour la Science spécial Évolution, p. 13-14)

La démarche d’analogie avec d’autres sujets ne dispense pas de certains devoirs, principalement celui de comprendre de quoi l’on parle et d’en parler clairement (Marc Richelle, Définition des Sciences Humaines, Mardaga 1998, p.26)

La communicabilité est une exigence majeure de tout discours scientifique (ibid. p.27)

Le fait scientifique n’est que fait brut traduit dans un langage commode ... Tout ce que crée le savant, dans un fait, c ’est le langage dans lequel il l’énonce ... S’il arrive que [les faits] sont conformes à une prédiction, ce n’est pas par un effet de notre activité (Henri Poincaré, la science et l’hypothèse, pp 161 sqq)

Une question a une réponse scientifique s’il est possible de produire une suite d’arguments de cause à effet dont le maillon final est la réponse à la question. (John Casti, Pour la Science 10/96 p.88)


Fonctionnement de la science, de la recherche, attitude scientifique

Quand un épistémologue étudie et interprète telle ou telle science, il est rare que les pratiquants de ladite science se reconnaissent, si par hasard ils lisent ses travaux... Donner a priori raison au scientifique, qui agit au cœur du processus alors que l’épistémologue se contente d’observer et de commenter, c’est croire à la parfaite lucidité de l’homme sur ses actes. Une telle position n’est pas tenable. Donner a priori raison à l’épistémologue parce qu’il a du recul, c’est prendre le scientifique pour un idiot qui ne comprend rien à ce qu’il fait. Cette position n’est pas non plus tenable. (Didier Nordon, Pour la Science 7/98).

Il est plus aisé de faire accepter une recherche concernant un sujet précis, même inintéressant [...], que d’explorer des hypothèses que certains jugent déplaisantes pour des raisons extra-scientifiques (Jean-Paul Delahaye, Pour la Science 1/98)

Le réductionnisme se présente comme une façon d’écrire par laquelle l’auteur envisage de traduire un certain nombre de termes grâce à un nombre plus réduit de concepts. En pratique, il est très difficile de diminuer le nombre d’entités qui composent le monde : les « bons » articles scientifiques sont justement ceux qui en accroissent la population, même lorsqu’ils affirment bien haut avoir imposé des bornes strictes à leur prolifération... En voulant réduire le nombre d’entités qui composent le monde, les chercheurs, fort heureusement, en multiplient le nombre. C’est ce que l’on appelle, d’habitude, la culture. (Bruno Latour, La Recherche 4/98)

Souci de réunification sans lequel (...) il n’existe pas de science. Souci de vérification qui suppose chez l’homme de science une exigence absolue de clarté dans la communication des idées et des faits, d’où un effort constant pour élaborer un code dépourvu d’ambiguïté (Marc Richelle, la Psychologie Expérimentale, PUF 1966)

La découverte consiste à voir ce que tous ont vu et à penser ce qu'aucun n'a pensé (Szent Gyorgyi)

Nos idées ont beau avoir changé, en pratique nous continuons à démontrer non théories de la même façon qu'avant : une théorie est reconnue comme un succès si elle est établie sur des principes généraux simples et rend compte de façon naturelle des données expérimentales. (Steven Weinberg, La Recherche 3/99)


Preuves et vérifications

La science ne fait pas de progrès en acceptant des idées de par leur seule élégance ; elle progresse en soumettant les idées aux tests les plus rigoureux et en comparant leurs prédictions avec les faits réellement observés (Ian Stewart)

La science vit de preuves, non de vérités (A. Meillet)

La question appropriée, pour l’épistémologie, n’est pas celle des sources. Il s’agit au contraire de se demander si l’assertion énoncée est vraie, si elle s’accorde avec les faits ... Nous nous efforçons ainsi de répondre, du mieux que nous pouvons, en examinant l’assertion elle-même, soit de manière directe, soit en soumettant les conséquences à l’examen et aux tests (Popper, Conjectures et Réfutations, ch. 16, par . 2)

La cosmologie est-elle une science ? (...) Notre univers est unique. Or, la science ne traite efficacement que les catégories d’objets, car elle peut en comparer les éléments. La difficulté me semble rédhibitoire. (Christian Magnan, Pour la Science 7/93)

S’imposer de ne jamais proposer de lois qui contredisent les données dont on dispose empêche dans certains cas de formuler rapidement la bonne loi. S’obliger à ne proposer que des lois les plus générales possibles -ce qui est une interprétation simplifiée de l’idée de Popper de rechercher une « falsifiabilité [réfutabilité, NdC] maximale » - est aussi un mauvais principe : celui qui, par souci de perfection, l’adoptera, disposera d’un pouvoir d’induction limité (Jean-Paul Delahaye, l’Imperfection au cœur des Mathématiques, Pour la Science 6/94)

Le but de la science est de créer des situations favorisant l’apparition de phénomènes imprévisibles. Les découvertes prévisibles ne sont pas importantes (Freeman Dyson, Sciences et Avenir 5/97)

Quand l’inattendu arrive, vous pouvez le glisser sous le tapis et oublier ce qui ne colle pas, en le baptisant artefact : 999 fois sur 1000, c’est un artefact. Une fois sur 1000, il faut prendre le risque de lui consacrer du temps. (Alain Prochiantz, Pour la Science 6/97, p.10)


Lois scientifiques, modèles, construction des théories

Dans [les sciences empiriques], on ne cherche pas tant à prouver, qu’à fournir l’explication la plus vraisemblable à une série non aléatoire de données (Merrit Ruhlen, l’origine des langues, p. 151).

Il doit y avoir une règle pour toute exception à la règle ; le seul problème est de la découvrir (Karl Verner).

Newton n’avait pas proposé d’explication mécanique de la gravitation. Il lui suffisait que sa loi permette de calculer le mouvement des corps, sans que l’on ait à se préoccuper de l’origine de la gravitation. Cet aveu de faiblesse fut l’un des principaux argument utilisés par les adversaires de Newton... Selon Bertier [prêtre qui a critiqué les résultats de Newton], Newton a utilisé l’attraction seulement comme un outil mathématique qui facilite les calculs. (James Evans, Pour la Science 6/98)

Il n'est pas nécessaire que ces hypothèses soient vraies, ou même vraisemblables. Une chose suffit : qu'elles offrent des calculs conformes à l'observation. (Osiander, éditeur de Copernic, dans la préface)

Méthode scientifique : principe philosophique répandu, selon lequel une théorie ne peut jamais être prouvée, mais seulement réfutée, et par conséquent toute tentative d'expliquer quoi que ce soit est vaine. (trouvé à http://www.xs4all.nl/~jcdverha/scijokes/3_5.html#subindex)

Même si nous pouvons formuler une théorie fondamentale, nous ne saurions probablement pas l'utiliser pour faire des prévisions réfutables par des expériences (Steven Weinberg, Pour la Science 1/00)


Science et réalité

Le réalisme est la croyance qu’il existe quelque chose -le réel- indépendant de nous, et que ce réel subsiste lorsque nous cessons de l’observer (...) Seule la croyance en un réel indépendant de nous assure qu’il y a connaissance véritable, affirme le réaliste (Jean-Paul Delahaye, Pour la Science 1/91 p.34)

Pendant les deux siècles qui ont vu le triomphe des théories classiques (XVIII-XIX, ndc), nous avons pu faire « comme si » la science décrivait strictement la réalité. Mais, quand il s’est agi de décrire le monde microscopique, cet abus de langage s’est retourné contre nous. C’est ainsi qu’est née la mécanique quantique. (Gilles Moine, Science et Vie 8/98)

Pour atteindre ces buts [diminuer les risques et les maîtriser], une condition reste incontournable : il faut décrire la réalité. Or, on ne connaît que ce qu’on sait imiter, ce qui explique les grands investissements de la société dans la recherche de modèles performants...L’appel aux images n’est pas spécifique des sciences dites « dures », ni de celles qui aspirent à le devenir. L’idéal classique est de tout réduire à l’analyse mathématique et à la mesure d’un petit nombre de paramètres caractéristiques. (Benoît Mandelbrot, Pour la Science 12/97, à propos de la bourse et du modèle fractal)

Les scientifiques se contentent de considérer comme vrai, soit ce qui semble le plus probable sur base des éléments de preuve disponible, soit l’hypothèse qui est plus consistante que ses concurrentes avec un plus grand nombre de faits, ou avec des faits plus incontestables (Ernst Mayr, The Growth of Biological Thought, Cambridge MA 1982)

Pour Niels Bohr, [la mécanique quantique] a démontré qu’elle décrivait parfaitement la réalité [...], le postulat selon lequel elle la décrirait totalement étant remis en cause par certains physiciens. (Alain Ognier, Pour la Science 4/98, à propos de l’expérience d’Aspect)

Les modèles, qui permettent de quantifier un phénomène (c’est-à-dire de le mettre en formules) (...) n’en donnent pas l’explication pour autant (...) il existe, à côté de cette approche prédictive, une approche qualitative des processus, dont la valeur explicative est sans doute plus fine et plus décisive pour la connaissance (...) la science actuelle mise trop sur les interprétations chiffrables, au détriment de la compréhension, et surtout elle est trop soumise à des modes (Renaud de la Taille, Science et Vie 1/94)

Le mythe bizarre d’une approximation asymptotique du vrai (Bruno Latour, La Recherche 12/96 p. 80)

[Les variables cachées ne sont pas nécessaires] dans les théories conçues pour rendre compte de l’expérience, et dès lors on peut dire qu’elles n’ont, en fait, pas d’existence scientifique (...) Réintroduire les paramètres en question ne fournit aucune prédiction nouvelle que l’expérience puisse tester. L’affirmation que de tels paramètres existent est donc invérifiable expérimentalement ; autrement dit, elle est de nature, non pas physique, mais métaphysique (Bernard d’Espagnat, Théorie Quantique et Réalité, in Pour la Science)

[Dans les sciences naturelles] les hypothèses et les théories complètes sont devenues durant notre siècle de plus en plus abstraites, avec la supposition d’objets et de propriétés dont la justification ne consiste pas tant en une identification directe ou une simple inférence que dans le succès descriptif et explicatif des théories dont ils font partie. (Théo Venneman, préface de The New Sound of Indo-European, Mouton de Gruyter Berlin / New York 1989)

On ne parvient toutefois jamais à annuler complètement cette incertitude. S'il est une chose que sait l'homme, ou qu'il devrait savoir, c'est qu'il ne sait pas tout : sa connaissance de la réalité est imparfaite. La relation directe, aussi simple soit-elle, n'est jamais connue avec une certitude absolue…En pratique, on ne distingue pas l'incertitude des observations des incertitudes liées au choix du modèle : on traite toutes les incertitudes comme s'il s'agissait d'incertitudes sur les observations. (ibid)

Le progrès ne consiste pas à remplacer une théorie fausse par une théorie exacte. Il consiste à remplacer une théorie fausse par une théorie qui se trompe plus subtilement (Loi de Hawkin)

L'attitude des premiers généticiens vis-à-vis des gènes ressemble à celle de beaucoup de chimistes vis-à-vis de l'atome quelques décennies plus tôt : certains chimistes acceptèrent le concept d'atome, car il permettait de prédire de nombreux phénomènes, mais ils refusèrent de transformer ce concept en un objet. (Michel Morange, Pour la Science 4/00)


Expérience et théorie

Par la mesure on arrive au savoir (devise du laboratoire de physique de Leyde)

L’expérimentation s'appuie sur le raisonnement suivant : si on croit, on est en droit de douter ; si on doute, on peut tout faire pour tenter de résoudre le doute. Une partie des sources de toute discipline scientifique est dans les sources possibles d’erreur dans l’interprétation des observations non contrôlées, et dans les procédures, souvent très ingénieuses, mises au point pour les éliminer. Il faut donc insister sur le fait que le besoin d’une expérience est provoqué par une croyance, càd une hypothèse ou une théorie, qui est sujette au doute raisonnable. Il ne peut y avoir d’authentiques expériences sans théories ; elles doivent être faites dans un but précis... Un test ne peut être fait que dune affirmation de faits qui ont en finale des conséquences observables, fussent-elles indirectes... [Une science] expérimentale doit être vue comme un procédé récurrent : énoncer une affirmation ; tester l’affirmation ; revoir (ou abandonner) l’affirmation ; tester l’affirmation modifiée etc. Finalement, ce processus continu devrait conduire à des résultats convergents, supportant une croyance plus solide. (John J. Ohala, Experimental Phonology, in Goldsmith, Handbook of Phonology, Blackwell’s)

Un résultat publié n’est pas la simple transcription d’un résultat univoque ... La preuve n’est pas un événement simple et dénué d’ambiguïté ... Elle n’est pas simple dans l’acte expérimental lui-même, dans le rapport de l’individu au monde matériel. Elle n’est pas simple non plus du côté de celui qui la perçoit. Le poids des préoccupations, l’importance de ce que chacun pense devoir faire, la familiarité avec certaines techniques, les positions institutionnelles occupées, la variété des attitudes intellectuelles et culturelles, la place des savoir-faire et des approximations considérées comme acceptables, tous ces éléments et bien d’autres modèlent ce que chacun fait des preuves des autres : ils définissent les critères de jugement utilisés pour en débattre, ils délimitent l’espace multiforme dans lequel les sciences avancent en développant leur rationalité... Une preuve n’est pas un dévoilement de la nature. Obtenir un bon résultat expérimental, c’est-à-dire résistant à la contestation, demande de travailler le phénomène, de le simplifier, de le stabiliser, de l’optimiser...Dans les sciences physiques, la preuve se présente souvent comme l’adéquation d’un faire, d’un dire expérimental et d’un développement théorique...Dans le communautés savantes, la norme n’est pas en général de refaire l’expérience dont un compte rendu vient d’être publié...Les preuves s’administrent par toutes sortes de canaux parallèles...Les divers acteurs de la science peuvent travailler vers le même but sans nécessairement être convaincus au même titre par les mêmes choses. En fonction de ce que sont leurs spécialités et leurs préoccupations, les systèmes d’évaluation et les preuves jugées suffisantes varient, et chacun se convainc d’un fait en retraduisant la preuve des autres dans son langage et selon ses normes. (Michel Atten et Dominique Pestre, La Recherche 9/98, à propos de l’expérience de Hertz)

Dans notre vie quotidienne, la mesure évite que nous nous trompions trop souvent. En science, elle permet de confirmer ou d'infirmer des hypothèses ou des modèles de la réalité. (Jacques Oksman, Pour la Science 4/99)

Aujourd'hui, les physiciens pensent que les lois physiques sont universelles, et ils le vérifient […] au moins sur un dixième de l'Univers ; sur les neuf dixièmes restants, c'est une extrapolation […] Si les découvertes ne résultaient que de hasards, notre vision serait celle d'un monde chaotique à l'orchestration incompréhensible. Les recherches scientifiques sont dirigées par des idées a priori. […] (En astronomie) la difficulté est que l'on ne peut expérimenter . L'astronome ne peut casser la Terre en deux, tordre le plan de la Galaxie, ni augmenter la température du Soleil. (André Brahic, Pour la Science 9/97)


Science, croyance, superstition et mysticisme

La science n’a pas pour objet de prouver ni désapprouver Dieu. Elle est indépendante de cette question. (Claude Bernard)

Je suis matérialiste comme savant, et je ne suis que savant. Si j’étais philosophe, je serais spiritualiste, mais je ne suis pas philosophe. (Claude Bernard)

(ces deux phrases dans la Tribune des Lecteurs de Pour la Sciences, 4/98)

Il n’est pas plus choquant d’étudier les ovnis que les quarks. Le tout est de respecter les règles d’objectivité et de rigueur propres à la méthode scientifique (Sciences et Avenir 9/72)

D’ordinaire, les scientifiques se contentent de décrire les faits. Je pense que notre rôle est aussi de donner un sens à l’univers (Trinh Xuan Thuan, Sciences et Avenir 5/97)

La grande majorité de nos concitoyens pensent que la science peut et doit tout expliquer. Or, la science ne donne par le pourquoi des choses, mais seulement le comment…En outre, les scientifiques manquent de modestie : rares sont ceux qui disent que la science ne décrit pas le réel, mais seulement un modèle prédictif de certains aspects de la réalité. Si l'on ajoute que les disciplines pseudo-scientifiques donnent des explications absolues et définitives, sans hésitations, les personnes qui ont besoin d'être rassurées ne peuvent qu'être tentées par ces voies. (Jean-Louis Bernou, Pour la Science 6/99)

A force de présenter ces modèles théoriques comme une reproduction du réel, la Science est devenue synonyme de Vérité. Et le scientifique s'est transformé en prophète moderne. (Christian Maignan, propos recueillis par Azar Khalatbari, Ciel & Espace 12/98)


Science et esprit humain, pédagogie

Pour Eddington comme pour Kant…nous ne connaissons pas le monde tel qu'il est en soi, mais tel qu'il est constitué en nous par nos facultés. Ce sont nos grilles cognitives qui imposent une structuration au monde…Les descriptions de la physique ne permettent pas d'atteindre la réalité profonde des choses…La vraie réalité est de nature mentale…Ce monisme (il n'y a qu'une réalité fondamentale : l'esprit) contribue à réduire l'écart qui existe entre science et foi… (Ciel et espace 4/99)

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ... Quand on demande à des étudiants de trouver un exemple d’une situation donnée, ils cherchent presque toujours des exemples trop compliqués, ce qui les fait échouer. Cela ne tient pas à leur inexpérience, c’est vraiment une tournure de l’esprit humain. De nombreux chercheurs en ont témoigné : les idées « naturelles » ne sont pas celles qui viennent d’abord. Bref, le question initiale manquait de pertinence. La véritable question, vitale, est beaucoup plus épineuse : pourquoi faire simple est-il si souvent plus difficile, moins spontané, que faire compliqué ? (Didier Nordon, Pour la Science 2/99)

Devant un problème, il est plus important pour l’élève de reconnaître le chapitre et les formules à utiliser que de se rendre compte que l’énoncé se rapporte à une réalité. La science devient abstraite, ce qui constitue un terrain favorable à l’éclosion de la croyance. Ce n’est qu’à partir du moment où l’on se représente les processus qui interviennent, que l’on a un jugement différent. (Evry Schatzman, Ciel et Espace 5.98


Sciences de la nature et sciences humaines

La formalisation est incompatible avec les maladresses d’expression. C’est pour cela que son champ d’application aux affaires humaines est tellement limité. (Didier Nordon, Pour la Science 10/98).

A la différence du philosophe, le physicien ne se pose pas de questions générales (...) [il leur] substitue des questions bien définies portant sur des phénomènes isolables. Le miracle est que l’étude de ces phénomènes précis débouche parfois sur une nouvelle vision de l’organisation de la Nature et de la constitution de l’Univers (Claude Cohen-Tannoudji, Pour la Science 6/90)


Spécificités des mathématiques

Contrairement à d’autres lacunes que l’on cache, l’ignorance mathématique est souvent proclamée... Cette fierté perverse qu’il y a à avouer sa faiblesse en mathématiques vient en partie du fait que les conséquences de cette insuffisance sont souvent moins visibles que celles d’autres « tares »... Quelques uns des blocages... proviennent de réactions psychologiques tout à fait normales devant des nombres incertains...des problèmes plus ou moins bien cernés. D’autres peuvent être attribués à l’anxiété, ou encore à de fausses idées « romantiques » sur la nature et l’importance des mathématiques. (John A. Paulos, La peur des chiffres, Ergo Press, pp. 5-6)

Ce double apport [des méthodes de classification de proximité] (...) et l’emploi de méthodes mathématiques lui [la théorie de l’évolution] a conféré un statut de « véritable » science (Hervé Philippe, Pour la Science spécial Évolution, 1/97 p. 84)

Les mathématiques sont l'art de donner le même nom à différentes choses. (Henri Poincaré)

Pourquoi les constructions mathématiques, apparemment abstraites, se révèlent-elles être, ultérieurement, des outils d'interprétation d'un monde que nous qualifions de "réel" ? (Daniel Sal, La Recherche, courrier, 3/99)

S'étonner que l'abstraction mathématique ait des applications concrètes, c'est oublier que l'abstrait et le concret, loin de s'opposer, sont en interaction […] Mathématiciens et physiciens interprètent le même monde. Tantôt les premiers sont en avance sur les seconds, tantôt c'est l'inverse : comme partout, les progrès naissent souvent d'un changement de perspective. Le phénomène ahurissant serait que les mathématiques soient coupées de toutes les autres activités humaines. (Didier Nordon, Pour la Science 7/00)


Université Libre de Bruxelles

MATsch - gdemeur @ ulb.ac.be (sans les espaces)

Mise à jour: Novembre 2000